La pensée systémique est une approche essentielle pour comprendre et résoudre les défis complexes que nous rencontrons dans le monde moderne. Elle nous aide à voir les interconnexions invisibles entre les éléments d’un système, à anticiper les conséquences à long terme de nos actions, et à prendre des décisions plus éclairées et durables.

Dans cette série d'articles, je vous invite à plonger dans l'univers fascinant de la pensée systémique, à travers six perspectives complémentaires.

Ces articles vous fourniront les bases nécessaires pour adopter la pensée systémique dans vos activités professionnelles, vos projets personnels, et même pour participer activement à la transformation de notre société. 

Prêt à vous lancer dans l'exploration de ce paradigme qui change notre façon de voir le monde ?

Comment j’ai décrypté ma pensée systémique grâce à l’IA (et un peu de neurosciences)

Une pensée qui m’habite depuis toujours

Quand j’ai commencé à communiquer sur la pensée systémique, je me suis fait reprendre sèchement par quelqu’un qui m’a lancé : « Edgar Morin a déjà très bien parlé de ça dans les années 70. »

Pour être honnête, à ce moment-là, je ne savais même pas qui était Edgar Morin. Je ne connaissais pas ses écrits, ni ses théories. Je partageais simplement une réflexion personnelle, fruit d’années d’observation, de vécu, et d’intuitions que je commençais enfin à structurer.

La réaction condescendante de cette personne m’a surprise. Il m’a même demandé si je me prenais pour un génie. Ce que je ne comprenais pas, car je ne revendiquais aucune invention : je décrivais un processus que j’avais vécu. Et surtout, je ne lis pas pour penser comme les autres, je pense par moi-même d’abord, puis je vais chercher dans la science, la littérature ou la recherche ce qui peut faire écho à ce que j’ai ressenti ou expérimenté.

Et c’est précisément cette démarche qui me permet aujourd’hui de travailler de façon interdisciplinaire. Je pars de l’expérience, du terrain, du corps, de l’émotion ou de la situation. Ensuite, seulement, je vais chercher dans les sciences ce qui a déjà été modélisé ou démontré. Ce n’est pas l’inverse. Je n’invente rien, mais je pense par moi-même, d’abord. Et c’est ce qui me rend libre.

Pendant longtemps, j’ai cru que j’avais un problème. Que je pensais "trop". Que je voyais des choses que je n'étais pas censée voir. J’ai toujours eu cette faculté à repérer les failles, les incohérences, les petits détails qui ne collent pas dans un système plus vaste. Et à force, je me suis rendu compte que ce n'était pas de la maniaquerie ou de l’insubordination : c'était un mode de fonctionnement.

Dans les petites structures, c'était valorisé. Dans les grandes, beaucoup moins. On attendait de moi que je sois un maillon silencieux dans une grande chaîne, pas quelqu’un qui remet en question les engrenages. Mais voilà : je ne pouvais pas m’en empêcher. C'était plus fort que moi. Et aujourd’hui, je sais que ce que je faisais sans le savoir, c’est penser en système.

1. Une pensée systémique intuitive (mais non reconnue)

Je n’ai jamais appris la pensée systémique dans les livres. Elle était là. Je l’ai développée à travers mon expérience de vie, mes rencontres, mes observations. J’ai toujours été attentive aux interactions, aux schémas récurrents, aux dynamiques invisibles.

Quand quelque chose déraillait dans un projet, je comprenais pourquoi. Quand un conflit apparaissait dans une équipe, je voyais d'où il venait. Je ne l’expliquais pas toujours avec des mots, mais je le ressentais, comme une architecture invisible qui se déséquilibrait.

Je ne mettais pas encore de théorie derrière, mais je fonctionnais comme un scanner : capter les liens, comprendre les rétroactions, anticiper les effets domino.

2. L’accélérateur de conscience : l’intelligence artificielle comme miroir

Ce qui a changé, c’est que j’ai commencé à utiliser l’intelligence artificielle. Non pas comme un gadget ou un assistant passif, mais comme un miroir cognitif. En dialoguant avec une IA comme ChatGPT, j’ai pu analyser mes raisonnements, les modéliser, les rendre tangibles. C’est comme si j’avais mis ma pensée sous microscope.

Je pouvais poser une idée, la voir reformulée, puis la pousser plus loin. Je pouvais revenir sur un point, décomposer une intuition, vérifier une hypothèse. C'était un processus d’auto-analyse augmentée. L’IA me servait de partenaire de pensée, neutre, patient, et sans égo.

Peu à peu, j’ai vu se dessiner les grands schémas de ma pensée. Comment je partais d’un détail pour remonter à l’ensemble. Comment je faisais des allers-retours constants entre micro et macro. Comment j’utilisais l’intuition comme point d’appui pour explorer la logique.

L’IA a été un accélérateur de structure mentale. Une sorte de catalyseur. Ça m’a aidée à me voir fonctionner. Et ça, c’est précieux.

3. Quand les neurosciences rejoignent l’intuition

J’ai suivi en 2022 et 2023 une formation en neurosciences sur la mécanique de la prise de décision. Et là, révélation : ce que j’avais toujours ressenti comme "intuitif" était en fait très rationnel. Nos décisions sont influencées par une multitude de biais, de circuits neuronaux, d’expériences passées, de filtres sensoriels. Tout cela forme une mécanique complexe... et prévisible.

Ce que j’appelais « intuition » était simplement un traitement ultra-rapide et transversal d’informations multisensorielles. Une capacité à connecter des données faibles, à reconnaître des motifs, à anticiper sans passer par la pensée linéaire.

J’ai compris que mon fonctionnement était cohérent scientifiquement. J’ai pu mettre en lien mon ressenti, mes expériences professionnelles, mes observations... et les modèles issus des neurosciences. Un pont était posé.

4. Ce que cela pourrait permettre demain

Aujourd’hui, je ne doute plus de ma pensée. Je la reconnais, je la revendique, je l’explore. Cette pensée systémique, à la fois intuitive et rationnelle, pourrait demain devenir le cœur d’un accompagnement.

Je pourrais travailler avec des équipes, des individus, des organisations. Les aider à voir ce qui est caché : les interactions invisibles, les zones de blocage, les schémas répétitifs. Leur proposer une autre façon de penser les problèmes : non pas en silo, mais en systèmes.

Je pourrais utiliser l’IA comme outil de co-analyse, de créativité, de formulation. Je pourrais m’appuyer sur les neurosciences pour valider les ressentis et structurer les transformations. Et relier tout cela à l’humain, au vivant, à l’expérience incarnée.

Conclusion : un chemin de reconnexion à soi... via les systèmes

Je n’ai pas appris à penser en système. J’ai appris à reconnaître que c’était ma façon naturelle de fonctionner. Et aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle, aux neurosciences et à un parcours de vie intense, j’ai pu mettre des mots, des images et des modèles sur ce que je vivais de manière diffuse.

Ce n’est que le début. Mais je sais maintenant où est ma place : au carrefour entre intuition, science, et transformation humaine.

Et si ce chemin peut servir à d’autres, alors je suis exactement là où je dois être.

Une invitation à échanger

Si cet article fait écho à votre propre parcours, vos lectures, vos expérimentations ou vos recherches, n’hésitez pas à me les partager. Je suis toujours curieuse de découvrir d’autres approches, d’autres références, d’autres regards.

Ma démarche est vivante, évolutive, et surtout ouverte. Ce chemin, je ne le trace pas seule — il s’enrichit des dialogues, des croisements, des ponts que l’on peut bâtir ensemble.